Faire « amende honorable »

Originaire de XVIe siècle, l’expression « faire amende honorable » était une peine dite « infamante » où le condamné devait présenter des excuses en public, reconnaître ses fautes, demander pardon à tous et, de surcroît, cette démarche lui imposait le déshonneur le plus total. Fort heureusement, au travers des siècles, la peine attachée à cette locution a grandement évolué.

 

Depuis le XVIIIe siècle, l’appellation a subsisté, mais s’est transformée en de simples excuses, en réparation ou en reconnaissance des torts qui étaient attribués à l’auteur des méfaits. Au XXIe siècle, ce vocable s’est détaché quelque peu de sa signification stricte d’origine, relative à l’honneur de la chevalerie, pour s’adapter aux temps modernes.

 

De nos jours « faire amende honorable » c’est aussi concilier, réconcilier et écouter. Dans une des méthodes alternatives de règlement des différends qu’est la médiation, « l’amende honorable » trouve son aboutissement dans les pourparlers entre les parties. Chacun des interlocuteurs lâche du lest de part et d’autre et chacun des protagonistes essaie de voir où le rapprochement des demandes peut se faire. Enfin, chacun des opposants envisage de faire « amende honorable » en convenant d’une solution mitoyenne.

 

Si la partie demanderesse et la partie défenderesse amendent les faits et honorent les décisions; une justice réparatrice à dimension très humaine, qui réconcilie avec les tenants et les aboutissants de la demande et de la contestation, apparaît alors. En ces temps difficiles de confinement, où nous devons réévaluer nos rapports avec les autres, prenons le temps de faire « amende honorable » à ceux qui nous ont peut-être offensés.